Abstract:
Le paysage constitue la notion fondamentale de l’étude que nous
proposons de faire des deux recueils de nouvelles : L’Exil et le royaume d’Albert
Camus et Au Café de Mohammed Dib. La notion du paysage est considérée non
seulement comme un espace topographique et géographique bien défini, mais
aussi comme une image sur une réalité donnée qui ne peut être envisagée en
dehors du positionnement de l’écriture face au réel, et donc comme support de
subjectivité face aux différentes composantes du réel. C’est précisément à partir
de cette conception du paysage que nous analysons les nouvelles de Camus et de
Dib. Non que son traitement soit identique chez ces deux écrivains, mais parce
qu’il fait apparaître les mêmes marques et les mêmes références culturelles pour
certains motifs : c’est le cas par exemple, de la perception qu’ils ont des lieux
collectifs comme le café ou les lieux de rencontre. Ou encore leurs représentations
respectives des espaces ouverts et illimités comme la mer et le désert, deux
notions chères aux deux auteurs, qui sont souvent décrites dans leurs rapports à
l’exil et à l’isolement. À ce propos, il s’agit pour nous de comprendre comment ils
appréhendent ces paysages non pas comme de pures représentations et comme de
simples présences, mais comme des phénomènes qui sont le produit, selon le mot
de Michel Collot, « de la rencontre entre le monde et un point de vue. »
Notre travail comporte deux parties. La première partie s’articule autour de
deux axes principaux. D’abord, nous avons montré comment les paysages, d’un
point de vue ontologique, déterminent les contradictions qui caractérisent les
rapports des personnages principaux et leur entourage. La deuxième partie est
consacrée à l’étude de la perception du paysage de l’horreur dans les nouvelles de
Camus et de Dib.