Abstract:
L’intertextualité peut dissimuler tout un pan caché d’écriture de
soi. Elle apparaît ainsi comme l'espace le plus improbable dans lequel la
pensée intime ou l'autobiographie peut venir se loger. Seulement, si une
réflexion sur l'intertextualité fait pénétrer dans l’univers romanesque et
intime des romanciers, ce n'est en aucun cas pour délivrer le sens caché; c'est
bien plutôt pour remettre en cause l'idée même du sens simple et simplifiée.
D’ailleurs la pratique de l'intertextualité chez les deux auteurs qui font l’objet
de cet article, soit Assia Djebar et Rachid Boudjedra, y est si abondante et si
diversifiée, et surtout, si subtilement présentée pour brouiller toutes les pistes
au lecteur. Ce que montre l’œuvre de ces romanciers c'est que l'écriture du
roman littéraire procède par réécriture et transformation des textes, les leurs
et ceux des autres, par refus de la hiérarchie des discours, pour une liberté de
créativité.
: Intertextuality can conceal a whole hidden pan of self-writing. It
thus appears as the most unlikely space in which intimate thought or
autobiography can come to settle. Only, if a reflection on intertextualit y makes it penetrate the romantic and intimate universe of novelists, it is in
no way to release the hidden meaning; it is rather to question the very idea of
the simple and simplified meaning. Moreover, the practice of intertextuality
in the two authors that are the subject of this article, namely Assia Djebar and
Rachid Boudjedra, is so abundant and so diverse, and above all, so subtly
presented to confuse all the clues to the reader. What the work of these
novelists shows is that the writing of the literary novel proceeds by rewriting
and transforming the texts, theirs and those of others, by refusing the
hierarchy of speeches, for a freedom of creativity.