Abstract:
Selon un cliché répandu, le sport constituerait un débouché pour les jeunes résidents masculins d’origine postcoloniale des banlieues populaires en rupture avec l’école. Selon les sociologues Stéphane Beau et Gérard Mauger (2017, 11), la culture « anti-école » et les attitudes « macho-prolétariennes » contribuent à éloigner la jeunesse populaire « désouvriérisée » d’un marché de travail de plus en plus marqué par la croissance des taux de scolarisation accompagnée d’inégalités persistantes quant à l’accès à une éducation de qualité. Alors que certains romans de banlieue mettent en scène des personnages footballeurs, on trouve un nombre croissant de récits qui s’approprient de la boxe pour en faire non seulement une métaphore de l’expérience collective d’une jeunesse populaire périurbaine en quête de maîtriser sa violence à la suite des émeutes de 2005, mais aussi une métaphore de la performance individuelle des écrivains qui traduisent cette expérience en œuvres littéraires, voire en un principe esthétique essentiel pour cette activité créative. Dans cet article, je me propose d’examiner quatre romans publiés entre 2006 et 2013 des auteurs Mohamed Razane, Rachid Djaïdani, Jean-Eric Boulin et Rachid Santaki, pour y explorer la figure du boxeur et le double usage de la boxe, à la fois comme métaphore et comme principe esthétique.
According to a widespread cliché, sport is one of rare openings for young male banlieue
residents of postcolonial origin who failed their education. The sociologists Stéphane Beau and
Gérard Mauger (2017, p. 11) argue that ‘anti-school culture’ and ‘macho-proletarian attitudes’
contribute to marginalise post-working-class youths on a job market affected by the growing
proportion of children in full-time education and the unequal access to quality education. While
some banlieue narratives tend to focus on soccer playing characters playing, an increasing
number of novelists use boxing not only as a metaphor for the collective experience of
peripheral working-class youths trying to control their violence after the 2005 banlieue riots but
also a symbol for the writers’ individual performance translating this experience into literary
works, or even an aesthetic principle inherent to their creative activity. This paper proposes to
examine four novels published between 2006 and 2013 by Mohamed Razane, Rachid Djaïdani,